dimanche 28 août 2011

"Une année photo à Strasbourg" : l'heure du bilan

Avec le marathon photo d'hier se termine cette première année photo.

La première photo publiée sur le blog
à l'issue du premier cours avec Alix, le 30 septembre 2010.
.
J'ai ouvert ce blog il y a presque un an pour y noter quelques impressions ou idées, peut-être faire quelques compte rendus d'expo et y publier quelques unes de mes images. Quand je regarde le chemin parcouru je me dis que les choses sont allées bien plus loin que ce que j'imaginais : presque 60 articles publiés, soit en moyenne un message par semaine. Imprimé, le tout fait plus d'une centaine de pages. Pas si mal.

Surtout cette année aura été marquée par la découverte de nouveaux "horizons photographiques" : le travail et la réflexion sur ce qui fait une image ou un sujet photographique, le noir et blanc argentique et le travail au labo, les grands photographes et leurs projets quelques fois un peu fous.

Pour l'année qui s'ouvre vous vous en doutez la question ne se pose pas vraiment : je m'inscris au cours photo deuxième année créé spécialement pour nous !

Donc ce blog : "Une année photo à Strasbourg" deviendra dans quelques semaines "Une -deuxième- année photo à Strasbourg" :-) avec l'envie de mener un projet photo sur une année complète. Certains points sont déjà fixés : ce sera très certainement du noir et blanc, plutôt autour de portraits ou de personnages rencontrés ici et là. Reste l'essentiel : "L'IDEE" et là moi... je sèche complètement.

samedi 27 août 2011

Notre premier marathon photo !

Comment passer une très bonne journée et ne pas se laisser gagner par la morosité à la fin des vacances ? En faisant des photos !
Après de longues heures à regarder les photos réalisées par de "vrais" photographes à Arles c'était aujourd'hui le moment de faire enfin nos propres images lors de la deuxième édition du Marathon photo Fnac à Strasbourg !

Le principe du marathon photo ? "Cet événement offre un challenge photographique convivial aux participants, avec la ville pour terrain de jeu ! Par équipes de deux personnes, les candidats, munis de leur propre appareil photo numérique et d'une carte mémoire vierge, devront illustrer les différents thèmes définis, dans un temps limité."
Voilà ce que nous dit le programme, ce qu'il précise moins c'est qu'on a eu pas mal de pluie, bref c'était un vrai marathon dans tous les sens du terme et au final c'était vraiment une très chouette journée. Alors voilà nos images.

Thème numéro 1
D'une manière générale les organisateurs ont essayé de trouver des thèmes originaux en proposant des citations ou des images de personnalités strasbourgeoises comme sujet photographique. Le thème numéro 1 nous a vraiment plu et laisse la part belle à l'imagination. Il s'agit d'une citation extraite d'une chanson de Abd Al Malik :
"Je me suis longtemps demandé ce qu'il y avait au delà des immeubles
cette question creuse un trou que souvent le vide meuble"

Bon, bon, un sujet intéressant. Voilà nos deux propositions avec comme idée la fuite et le regard vers l'inconnu (avec une séance photo interrompue par une belle vague de pluie :-) ).
Petite précision : les images sont directement issues de l'appareil photo, aucune retouche ni recadrage.



Après cette matinée nous étions relativement satisfaits et contents de nos images même s'il nous manquait un ordinateur pour visionner nos images et effectuer quelques petites retouches.


Thème numéro 2
Le thème numéro 2 était un dessin de Tomi Ungerer. Il s'agit d'un projet d'affiche pour le Conseil de l'Europe :

"Cultive tes racines et plante la dans les étoiles"

La référence à l'Europe est évidente et notre première idée est de nous rendre au Parlement européen pour y chercher des sujets (ce que beaucoup d'autres candidats ont fait). Mais pour commencer nous nous arrêtons aux Halles avec une sculpture qui rappelle l'image de Tomi Ungerer. La suite de l'histoire ? Nous n'aurons plus assez de temps pour aller au Parlement. Voici donc deux images sur le même thème réalisées à 100% par ma "coéquipière", moi je n'étais là que pour tourner les boutons de l'appareil photo :-)




Thème numéro 3
Le troisième thème proposé au concours est un extrait de poème de Fatou Diome :
"En nous se grave un visage,
Comme un pas sur un rivage.
Mauve, ces furtifs moments,
Où le rouge de l'adieu couvre le bleu du sillage naissant."

Bon, bon. Pas facile. Après plusieurs photos où nous faisons des essais sur le jeu des couleurs nous abandonnons l'idée "d'illustrer" ou de mettre en image cette phrase pour essayer d'en retenir ce qu'elle dégage : une idée de mouvement, d'instant fugitif. Alors voilà ce que ça donne (la première image est une idée non retenue lors de la séance photo du matin récupérée pour ce thème) :



Nous reparlerons de ce marathon lors de la publication des résultats (le jury se réunit le 9 septembre) : je suis curieux de voir les productions des autres groupes.

vendredi 26 août 2011

"Inside Out Project" - Les rencontres photo d'Arles 2011 (dernière partie)

Ben voilà, retour à Strasbourg depuis une dizaine de jours. Les vacances sont terminées et je n'ai pas fait le dernier compte rendu que je souhaitais faire sur mes petits coup de coeur de ces rencontres photographiques. Ce sera pour le mois de septembre peut-être. Voici un petit souvenir des ces vacances les images prises dans la cabine photographique de JR qui viennent d'être mises en ligne sur le site "Inside Out Project" : http://www.insideoutproject.net/arles/

Les photos sont classées par date, il suffit de se souvenir que nous y étions vers le 9 août pour nous retrouver :-)


A voir sur ce même sujet la petite vidéo de réalisation des ces portraits :
"Inside Out Projet" - Les rencontres photo d'Arles 2011 (troisième partie)

jeudi 11 août 2011

"Quelle heure est-elle ?" - Les rencontres photo d'Arles 2011 (cinquième partie)

Nous arrivons peu à peu à la fin de notre périple même s'il reste encore quelques lieux d'exposition à découvrir. Pour aujourd'hui notre programme était consacré à Chris Marker l'invité phare de cette année. (Là encore j'ai honte mais je ne connaissais pas du tout son travail...).
Mais avant d'en parler, quelques mots à propos de Fernando Montiel Klint.

Les actes de foi de Fernando Montiel Klint
Voici comment ce photographe mexicain décrit son travail au sujet d'une série intitulée "Acts of faith", Actes de foi :

"La société à laquelle nous sommes parvenus atomise et isole l’individu, codépendants de la technologie en tant qu’êtres individualistes et consommateurs que nous sommes, engouffrés dans une quête presque ethérée du plaisir total, où nous cessons de nous reconnaître et de nous connaître de manière organique. L'interaction a été supplantée par une simulation virtuelle dans laquelle l’introspection et la recherche de l’être, du “je” intérieur et de sa liberté animique sont réduites à une peau de chagrin.

Que signifie ici précisément le sens du mot “foi” ? Je m'intéresse à l'exploration de l’acte de foi dans la vie contemporaine sans lien avec la religion. Je recrée ma libération mentale grâce à des mises en scène et des actions qui sont captées par l'appareil photo, dans lesquelles j'invente d’artificieuses réalités faites d’atmosphères absurdes,à la recherche de l’introspection.
L’introspection est aussi un chemin de lumière vers la contemplation et la libération individuelle. Ce sont des moments d'inspiration lors desquels l’infini m’apparaît comme une révélation, en un zénith mental. Ce qui n'a pas de fin, ce qui est essentiel dépasse le monde d'ici-bas; la foi remplace la logique et se transforme en un acte éternel et circulaire."
Fernando Montiel Klint

Bon, je vous l'accorde, dit comme ça ce n'est pas forcément limpide mais le résultat est vraiment intéressant avec un travail de réflexion sur la mise en scène et des lumières très soignées. Jugez plutôt :
Fernando Montiel Klint - "Act of faith" de la série Acts of faith
Fernando Montiel Klint - "Azur" de la série Acts of Faith

"Quelle heure est-elle ?" de Chris Marker
Venons en à Chris Marker. Je vous disais que je ne connaissais pas son travail, je dois ajouter que pour avoir lu certaines critiques plutôt négatives au sujet de cette rétrospective je n'étais pas forcément très enthousiaste lors de cette visite. Et puis finalement j'ai décidé de ne pas (trop) me laisser influencer par l'avis des autres et de juger par moi-même. Et je dois dire que j'ai été surpris et intéressé, notamment par deux séries de photos.

QUELLE HEURE EST-ELLE ?
"The apparition of the faces in the crowd
Petals on a wet, black bough
(L’apparition de ces visages dans la foule / des pétales sur une branche noire humide)


Ce court poème d’Ezra Pound, inoubliable, était ma première idée pour l’exergue d’une autre de mes expositions photographiques, STARING BACK. Puis j’ai décidé de me passer de l’exergue. C’est trop facile de se servir d’un grand poète comme gilet pare-balles métaphorique, me suis-je dit. Notez que je n'ai pas fait part à que ce soit de cette idée réprimée. Puis les premières critiques sont parues. Un article de Brian Dillon dans Art Review commençait ainsi “L’apparition de ces visages dans la foule / des pétales sur une branche noire humide”, avant de développer l’idée de la parenté entre ces vers et l'ambiance de mes photographies. Je fus abasourdi. C'était donc vrai, après tout : la poésie existe bel et bien, elle emprunte d'autres voies que le monde matériel, elle permet de voir ce qui était auparavant caché et d’entendre ce qui était auparavant silencieux. Depuis toujours, j’étais convaincu que dans mes courts essais, la part de non dit était plus significative que le bavardage, et voilà que j'en avais la preuve éclatante. Cette fois-ci donc, je ne reculerai pas devant la citation de Pound : d'ailleurs. je la trouve encore plus pertinente par rapport à cette nouvelle expérience dans le métro parisien. Les pétales représentent indéniablement ces visages que je capture tel un paparazzo bienveillant. Portraits volés, oui, mais en passant à travers le miroir, le vol devient ici une offrande. La presse à scandale aime a surprendre des gens (de préférence connus) alors qu’ils ne attendent pas et arborent si possible une expression gênante ou ridicule : des gestes qui surviennent de manière mécanique, sans intention réelle de la part du sujet. Lorsque j’étais enfant, le président Poincaré avait visité un cimetière de la Première Guerre mondiale sous un soleil de plomb, et la lumière violente avait lait apparaître sur son visage, durant un dixième de seconde, un rictus qu'on pouvait interpréter comme un sourire. Un photographe capture cet instant et, pour le restant de sa carrière, il se fit traiter “d’homme qui rit dans les cimetières” par ses opposants de droite. Peut-être ce souvenir d’enfance a-t-il contribué à développer ma curiosité méfiante envers les images. Ainsi, il est peu surprenant que mon objectif en collectionnant ces “pétales”, soit exactement à l’opposé de celui de la presse à scandale. J’essaie de les restituer sous leur meilleur jour, souvent imperceptible dans le flux du temps, parfois 1/50e de seconde grâce auquel ils se montrent plus vrais à leur moi profond. J'ai commencé l'expérience avec un appareil dissimulé dans une montre -d’où le titre QUELLE HEURE EST-ELLE ?- avant de recourir à des trucs, mais j'ai conservé le titre, pour mon amusement personnel, et aussi parce que l’instant volé du visage d'une femme révèle quelque chose à propos du Temps lui-même... Mais ça, c’est une autre histoire... Ah. et j'allais oublier, à propos du poème de Pound : il a été écrit à Paris et s'intitule “Dans une station de métro”."

Chris Marker
Chris Marker - Quelle heure est-elle ?
J'aime beaucoup cette série, elle représente en une seule image une belle synthèse des cours sur la street photo partant de la réflexion sur le projet photographique pour finir par les choix d'exposition en passant par des conditions de prise de vu et la sélection des sujets. Une autre série était présentée : Passengers.
Chris Marker - Passengers

Pour finir notre soirée était consacrée au film "Waste Land" qui a pour sujet le travail de Vik Muniz consacré aux "catador", ces centaines de personnes qui trient les déchets dans la plus grande décharge du monde : à Rio. Remarquable, vraiment.

mercredi 10 août 2011

"From here on" - Les rencontres photo d'Arles 2011 (quatrième partie)

La journée d'aujourd'hui était consacrée à un peu de découverte de la ville d'Arles et surtout à la découverte de... la "sardinade". Ne cherchez pas : il s'agit tout simplement d'une montagne de sardines grillées au barbecue. Un seul mot : excellent !

Voilà une introduction qui n'est pas ordinaire me direz-vous et surtout très peu photographique. Peut-être bien que si finalement.
Le compte rendu ci-dessous ne concerne qu'une petite partie des expositions présentées Parc des ateliers, il s'agit d'une exposition intitulée "From here on" située dans l'atelier de mécanique. Plus qu'un simple titre d'exposition il s'agit d'un manifeste signé par les cinq commissaires de l'exposition parmi lesquels figure Martin Parr. Interrogeant quelques fois les limites de ce que l'on appelle "photographie", "From here on" présente des travaux qui interrogent l'image quotidienne et notamment sa relation à internet.
Dans un certain sens mon introduction n'était pas si éloignée du sujet : je suis certain que notre photo en train de déguster la sardinade sous la tonnelle de la terrasse aurait pu trouver une place dans l'expo :-).
Pour en juger je vous propose de commencer notre visite par les photomontages de Thomas Mailaender. Sur un fond d'images de volcans en activité il imagine des situations amusantes. Celle de la pizza cuite à la lave en fusion me fait sourire à chaque fois que je la vois :
Thomas Mailaender - Extreme Tourism

Dans l'exposition "From here on" la place d'internet est très importante. Dans ce domaine j'ai bien aimé la démarche de deux artistes. Commençons par Kurt Caviezel, une sorte de "photographe de canapé" qui collection les images de webcams du monde entier. Il les classe ensuite par thème, ainsi "Insekten" reprend des photos d'insectes passant devant l'objectif de la caméra. La photo avec en fond les pyramides de Kheops est vraiment très amusante :


Kurt Caviezel - Insekten

Internet toujours avec Jeff Sundheim, un artiste allemand qui parcourt le monde entier se faisant photographier par les webcams des cinq continents :

Jeff Sundheim à New-York, manifestement il risque d'avoir quelques ennuis :-)
Internet enfin avec cet autre artiste allemand : Aram Bartholl. Vous connaissez tous les petits symboles que l'on trouve dans Google Maps pour marquer une position. Hé bien Aram Barthol a repris cette idée en la rendant réelle, voici ce que cela donne au centre ville d'Arles :

Aram Batholl - L'installation du "A" de Google Maps à Arles
Non, non, ce n'est pas un montage.... le "A" existe bien, le voici dans la hall d'expo :

Enfin, comment ne pas évoquer dans cet atelier de la création numérique Nancy Bean qui a équipé son chat d'une petite webcam transformant son animal en "photographe" ? Les images collectées sont reprises sur un plan ce qui permet de retracer les trajets familiers de l'animal :-)

Voilà pour ce petit tour d'horizon de ce qui m'a le plus intéressé dans l'exposition "From here on". Mais je parlais de "manifeste" tout à l'heure. Qui dit manifeste dit texte qui vient fonder et expliciter la démarche. Terminons donc sur ce texte :


Bon ok, en voici une petite traduction :

Maintenant, nous sommes une espèce d’éditeurs.
Tous, nous recyclons, nous faisons des copier-coller,
nous téléchargeons et nous remixons.
Nous pouvons tout faire faire aux images.
Tout ce dont nous avons besoin,
c’est d’un oeil, un cerveau, un appareil photo,
un téléphone, un ordinateur, un scanner, un point de vue.
Et, lorsque nous n’éditons pas, nous créons.
Nous créons plus que jamais,
parce que nos ressources sont illimitées
et les possibilités infinies.
L’internet est plein d’inspirations :
du profond, du beau, du dérangeant,
du ridicule, du trivial, du vernaculaire et de l’intime.
Nos petits appareils de rien du tout,
capturent la lumière la plus vive comme l’obscurité la plus opaque.
Ce potentiel technologique a des répercussions esthétiques.
Il change l’idée que nous nous faisons de la création. Il en résulte
des travaux qui ressemblent à des jeux,
qui transforment l’ancien en nouveau et réévaluent le banal.
Des travaux qui ont une histoire, mais s’inscrivent
pleinement dans le présent.
Nous voulons donner à ces travaux un nouveau statut.
Car les choses seront différentes
à partir de maintenant…

mardi 9 août 2011

"Inside Out Projet" - Les rencontres photo d'Arles 2011 (troisième partie)

Trop, trop, trop, beaucoup trop de choses à raconter sur la journée d'aujourd'hui où nous étions sur le site principal des expos : Le Parc des ateliers, il s'agit d'anciens entrepôts de la SNCF aujourd'hui inutilisés. Je ferai un compte rendu plus complet plus tard, mais pour innover je vous propose une petite vidéo qui retrace ce qui était certainement le moment le plus amusant de la journée :  Inside Out Project de JR. Je ne vous en dis pas plus et regardez ceci :


lundi 8 août 2011

"La valise mexicaine" - Les rencontres photo d'Arles 2011 (deuxième partie)

Deuxième journée à Arles passée autour de trois grands photographes : Robert Capa, Graciela Iturbide et Martin Parr.
Au fait on dit "à Arles" ou "en Arles" ?

La valise mexicaine de Robert Capa

"La légendaire valise mexicaine de Robert Capa, contenant des négatifs de la guerre d’Espagne, était considérée comme perdue depuis 1939. Récemment retrouvée à Mexico, elle est exposée aujourd'hui pour la première fois en Europe. La valise - il s’agit en réalité de trois petites boîtes - renferme près de 4 500 négatifs : non seulement des photographies de Capa mais également celles de ses compagnons, tous juifs et exilés, les photojournalistes Chim (David Seymour) et Gerda Taro.


Ces négatifs couvrent la guerre d’Espagne (1936-1939) à travers les chroniques détaillées de Chim en 1936-1937, la documentation de l'intrépide Taro, qui a photographié jusqu’à sa mort sur le champ de bataille en juillet 1937, et les reportages incisifs de Capa menés du début de la guerre aux derniers mois du conflit. On y trouve également celles du photographe et ami Fred Stein, représentant Taro, des images qui sont devenues, depuis la mort de celle-ci, intimement liées aux images de la guerre elle-même. Entre 1936 et 1940, les négatifs passent de main en main dans un souci de préservation, pour finalement refaire surface à Mexico en 2007.

Exposition "La valise mexicaine" - Arles 2011 - Ici des photos de Chim
La guerre d’Espagne a éclaté le 19 juillet 1936. Au sens le plus large du terme, il s'agissait d'un coup militaire mené par le général Francisco Franco et dont le but était de renverser le gouvernement de la République d’Espagne, élu démocratiquement et constitué d’une coalition entre la gauche et le centre. Dès ses premières heures, la guerre d’Espagne a attisé les passions de ceux qui voyaient l'attitude de Franco - qui jouissait d‘un soutien matériel de l‘Allemagne et de l’ltalie - comme révélatrice de la montée du fascisme en Europe. De nombreux intellectuels et artistes de gauche se sont alors ralliés à la lutte antifasciste soutenant, dans des publications pour la presse internationale, la cause républicaine.

Les négatifs de la valise mexicaine permettent de regarder d'un œil nouveau l'immense production des trois photographes, a travers des portraits, des scènes de combat, ainsi que des images rappelant les effets désastreux de la guerre sur les civils. Si certaines de ces œuvres nous sont déjà familières grâce a des tirages d'époque ou des reproductions, les négatifs de la valise mexicaine, présentés ici sous la forme de planches-contact agrandies, dévoilent pour la première fois l'ordre de la prise de vue, ainsi que certaines images totalement inédites. Ce fonds ne représente pas seulement un panorama exceptionnellement riche de la guerre d‘Espagne - un conflit qui a changé le cours de l'histoire de l'Europe - mais révèle également les trois photojournalistes en tant que fondateurs de la photographie de guerre moderne."

Cynthia Young, commissaire de l’Exposition.


En dehors de l'histoire incroyable de cette valise et le témoignage direct de ces hommes sur des événements dramatiques, ce qui m'a semblé intéressant c'est de voir l'exploitation qui est faite de leurs photographies. Ici on voit un négatif dont une image sera extraite pour un tirage original. Cette même image est reprise dans les journaux et placée aux côtés d'autres.



Les fameuses boîtes de la valise

"Cette vitrine contient les trois boîtes qui constituent la valise mexicaine. Une grille apparaît à l’intérieur des couvercles des deux boîtes qui renfermaient les pellicules en rouleaux : les cases de ce tableau sont numérotées de manière consécutive, en commençant par 1 pour la boite verte et par 51 pour la boîte rouge. Chaque case contient également des noms, des lieux ou des sujets, écrits en français, qui correspondent aux sujets des pellicules respectives. Tous les sujets répertoriés dans boîte verte se réfèrent à des images de Chim ; ceux de la boîte rouge, à des photos de Capa et de Tero. Les cases vides contenaient des particules de Capa et de Stein ; quant aux enveloppes, des pellicules coupées. Les informations sur le photographe et le sujet sont tamponnées et notées sur ces enveloppes.


Les boîtes ont sans doute été préparées au printemps 1939 par Capa, Chim et Tchiki Weiss qui gérait leur studio. C’est peut-être pour un projet en particulier que ces images ont été rassemblées, étant donné que la collection ne représente pas la totalité de leur travail, ni même leurs meilleures photographies, mais plutôt une sélection qui couvre beaucoup d'événements importants, de personnalités phares et des sujets en rapport avec la guerre. Anticipant l'entrée de l'armée allemande dans Paris en 1940, Weiss emmène les négatifs dans le sud de la France, pour des raisons de sûreté, ou dans l’idée de les sortir ou pays. Mais dans la confusion qui règne à cette période, les négatifs se retrouvent confiés à quelqu’un et on en perd la trace. Au début des années 1990, ils refont surface à Mexico, dans la collection du général Francisco Aguilar, ambassadeur mexicain à Vichy en 1941-1942. Fin 2007 les héritiers et la famille du général Aguilar retournent les négatifs aux successeurs des photographes."


Les portraits de Graciela Iturbide

Je connaissais l'une ou l'autre photo de Graciela Iturbide sans vraiment pouvoir les rattacher à un nom. Deux éléments ont particulièrement retenu mon attention. D'abord c'est un travail en argentique noir et blanc (vous pensez bien que j'ai regardé ces tirages papier de très près :-) ), ensuite la qualité des portraits de ses premières photographie et leur dimension oniriques me plaisent beaucoup.

"Graciela Iturbide commence sa carrière de photographe à la fin des années 1960, en intégrant ie Centre d'Études cinématographiques de Mexico. C'est là que, guidée par Manuel Alvarez Bravo, le grand maître de la photographie mexicaine, elle trouve dans |’appareil photographique son véritable moyen d'expression créative. Son apprentissage auprès d’Alvarez Bravo est sans aucun doute fondamental et suppose, plus qu’une influence formelle, la transmission d‘un héritage, d’une sensibilité basée sur des valeurs artistiques en lien avec l'art moderne et la culture populaire mexicaine.

Depuis ses premiers clichés, Graciela lturbide fait preuve d’une capacité hors norme à capter des aspects que la représentation photographique a tendance à éluder. Son processus de création commence par une observation participative, pour ensuite se transformer en une incessante exploration personnelle qui intègre la vie et le rêve dans une trame complexe de références historiques, sociales et culturelles.


Pour lturbide, la photographie est avant tout un prétexte a la connaissance. l’intensité de son œuvre vient en grande partie de sa conception de la photographie reposant sur la valeur de l'expérience. Assumant sa propre subjectivité, dépouillant la photographie de sa supposée vérité totalisante, lturbide enregistre et imagine, soulignant certains paradoxes dans lesquels nous sommes plongés.
Dès ses premiers projets, la singularité du regard de Graciela lturbide est patente. Elle nous confronte à des questions qui vont au-delà des frontières d’une aire géographique spécifique : la fragilité et la survivance difficile des systèmes socioculturels qui vivent aux côtés d'autres cultures hégémoniques, la présence du rite dans les pratiques du quotidien, ou la dimension symbolique des paysages et des objets.
Graciela Iturbide - portrait issu de "Seris" 1979

Cette exposition rétrospective, organisée par la FUNDACION MAPFRE et les Rencontres d‘Artes, propose un voyage à travers l’œuvre de Graciela Iturbide, depuis ses premières photographies jusqu’à ses images les plus récentes. sans pour autant s'attacher a un ordre chronologique strict, mais en reliant ses projets les plus représentatifs avec ces thématiques qui définissent le mieux la puissante créativité de son imaginaire."

Marta Daho, commissaire de l'exposition

Graciela Iturbide - L'Homme aux oiseaux - 1985

Notre journée se termine le soir par une projection du film "Martin Parr, Arles 2004" qui présente le photographe alors qu'il est invité par les rencontres d'Arles de la photographie à être commissaire général des expositions de l'édition 2004. Le film est intéressant et surtout Martin Parr a à coeur de faire découvrir de nouveaux horizons photographiques et donne une unité à l'exposition, unité et vision qui manquent peut-être à ce que nous avons vu pour l'instant.

dimanche 7 août 2011

"Le New York Times Magazine" - Les rencontres photo d'Arles 2011 (première partie)



Nous voici à Arles pour les célèbres Rencontres photographiques d'Arles - Edition 2011 ! Je ne connais pas cette ville et j'ai très envie de voir ce que sont les "Rencontres photo".

Je vais essayer de faire un compte rendu tous les soirs de ce que nous aurons vu dans journée. Cependant il sera pas vraiment exhaustif : d'une part c'est les vacances et je ne veux pas les passer uniquement devant un écran, et d'autre part raconter dans le détail chaque expo serait impossible compte tenu du très grand nombre de lieux et d'oeuvres à découvrir. Je vous proposerai donc durant ces quelques articles de vous présenter ce qui m'a le plus intéressé ou impressionné.


Les photographies du New-York Times Magazine
A l'Eglise Sainte Anne sont rassemblées des photographies publiées dans le New-York Times Magazine. Il s'agit bien sûr de photos de reportage mais aussi de photos de mode ou de commandes. Parmi les différentes séries proposées, celle sur le World Trade Center était particulièrement intéressante.

Des anciens membres de la rédaction se remémorent le numéro qui a suivi le 11 septembre :
"Chose surprenante, quasiment tous les employés sont arrivés au bureau le matin du 11 septembre. Nous avons regardé, à la télévision, la deuxième tour s’effondrer. Je me souviens de l'instant où je suis passé de citoyen horrifié a journaliste, l'instant où j'ai pensé: « ll ne s'agit pas seulement d'un événement terrible, mais d'un événement terrible historique.» En un instant, tous ceux qui étaient dans la pièce s'étaient rendus compte qu'il fallait jeter le numéro sur lequel nous travaillions pour faire quelque chose d'autre, quelque chose qui se devait d'être significatif.

Nous nous sommes immédiatement mobilisés. Le service photo envoya une batterie de photographes dehors et en localisant d'autres qui étaient déjà sur le terrain, réceptionnant les images aussi rapidement que possible. Plusieurs murs de la rédaction furent placardés de photographies extraordinaires : la dissonance entre l'horreur et l'art où la beauté de ces images était impossible a manquer parce qu‘elles étaient accrochées partout. La réalisation du numéro était extrêmement émouvante. Nous avons tait de la place dans le Magazine pour y mettre le maximum d'images possible, mais nous n’avions toujours pas de photo de couverture qui nous semblait pouvoir résister au temps. Je me souviens précisément du moment ou je l'ai vue. Je traversais les locaux, lorsque Janet Froelich me dit: « Viens ici. Maintenant » Elle me montra ce sur quoi ils travaillaient. Un de ces moments de consensus s'imposa alors : en voyant les tours sur la couverture du Magazine, nous les voyions comme quelque chose qui devait être réalisé - pas en tant qu’image seule, mais en fait."
Adam Moss, directeur de la rédaction (1993-98) puis rédacteur au Magazine (1998-2004).

Jeff Mermelstein - New-York City 11 septembre 2001
Jeff Mermelstein raconte ainsi cette journée inoubliable : "Je n'ai pas de souvenir conscient de la prise de vue de ces images, pour la plupart. Le jour de l'attaque j'étais en pilotage automatique. Je ne me souviens pas vraiment du moment où j'ai découvert la statue recouverte de débris, et à peine des pompiers qui tentaient à grand peine de se nettoyer les yeux, mais quand je vois ces images aujourd'hui je me souviens avec précision de la manière dont la fumée piquait mes propres yeux".

Parmi les autres sujets sur le New-York Times Magazine j'ai bien aimé les portraits d'actrices d'Hellen Van Meene :

Le choix du cadrage -centré-, du format carré, des couleurs subtiles et de l'arrière plan qui vient littéralement "encadrer" le sujet me semblent à retenir. Le modèle est placé dans un contexte mais le regard ne se perd pas dans le décor, il est ramené au sujet central.
C'est un cadrage à retenir pour sortir du traditionnel portrait cadré serré avec une faible profondeur de champ. A tester peut peut-être lors d'une prochaine série d'exercice photo ?

Wang Qinsong et sa fresque de 42 mètres de long
Il faut être honnête : je n'avais jamais entendu parler de Wang Qinsong avant de venir à Arles... En 2009 il réalise une oeuvre assez inédite : il a créé une sorte de fresque intitulée "L'histoire des monuments" qui représente son point de vue sur les civilisations, les cultures, les coutumes, l'art, etc. Cette fresque, ou même sculpture, est réalisée durant une quinzaine de jours à l'aide plus de 200 figurants enduits de boue et placés dans un décor. Les scènes sont ensuite photographiées puis assemblées, ce qui donne ceci :
Wang Qingsong - L'Histoire des monuments

Wang Qinsong - L'Histoire des monuments
Par ailleurs, on pouvait voir un film présentant la façon dont cette photographie géante a été réalisée. On y voit l'artiste diriger les "acteurs", ses assistants les enduire de boue ainsi que la façon dont la photo sera montée.

Voilà, il y aurait bien d'autres choses à montrer de la journée mais je m'arrêterai là pour aujourd'hui :-)