lundi 8 août 2011

"La valise mexicaine" - Les rencontres photo d'Arles 2011 (deuxième partie)

Deuxième journée à Arles passée autour de trois grands photographes : Robert Capa, Graciela Iturbide et Martin Parr.
Au fait on dit "à Arles" ou "en Arles" ?

La valise mexicaine de Robert Capa

"La légendaire valise mexicaine de Robert Capa, contenant des négatifs de la guerre d’Espagne, était considérée comme perdue depuis 1939. Récemment retrouvée à Mexico, elle est exposée aujourd'hui pour la première fois en Europe. La valise - il s’agit en réalité de trois petites boîtes - renferme près de 4 500 négatifs : non seulement des photographies de Capa mais également celles de ses compagnons, tous juifs et exilés, les photojournalistes Chim (David Seymour) et Gerda Taro.


Ces négatifs couvrent la guerre d’Espagne (1936-1939) à travers les chroniques détaillées de Chim en 1936-1937, la documentation de l'intrépide Taro, qui a photographié jusqu’à sa mort sur le champ de bataille en juillet 1937, et les reportages incisifs de Capa menés du début de la guerre aux derniers mois du conflit. On y trouve également celles du photographe et ami Fred Stein, représentant Taro, des images qui sont devenues, depuis la mort de celle-ci, intimement liées aux images de la guerre elle-même. Entre 1936 et 1940, les négatifs passent de main en main dans un souci de préservation, pour finalement refaire surface à Mexico en 2007.

Exposition "La valise mexicaine" - Arles 2011 - Ici des photos de Chim
La guerre d’Espagne a éclaté le 19 juillet 1936. Au sens le plus large du terme, il s'agissait d'un coup militaire mené par le général Francisco Franco et dont le but était de renverser le gouvernement de la République d’Espagne, élu démocratiquement et constitué d’une coalition entre la gauche et le centre. Dès ses premières heures, la guerre d’Espagne a attisé les passions de ceux qui voyaient l'attitude de Franco - qui jouissait d‘un soutien matériel de l‘Allemagne et de l’ltalie - comme révélatrice de la montée du fascisme en Europe. De nombreux intellectuels et artistes de gauche se sont alors ralliés à la lutte antifasciste soutenant, dans des publications pour la presse internationale, la cause républicaine.

Les négatifs de la valise mexicaine permettent de regarder d'un œil nouveau l'immense production des trois photographes, a travers des portraits, des scènes de combat, ainsi que des images rappelant les effets désastreux de la guerre sur les civils. Si certaines de ces œuvres nous sont déjà familières grâce a des tirages d'époque ou des reproductions, les négatifs de la valise mexicaine, présentés ici sous la forme de planches-contact agrandies, dévoilent pour la première fois l'ordre de la prise de vue, ainsi que certaines images totalement inédites. Ce fonds ne représente pas seulement un panorama exceptionnellement riche de la guerre d‘Espagne - un conflit qui a changé le cours de l'histoire de l'Europe - mais révèle également les trois photojournalistes en tant que fondateurs de la photographie de guerre moderne."

Cynthia Young, commissaire de l’Exposition.


En dehors de l'histoire incroyable de cette valise et le témoignage direct de ces hommes sur des événements dramatiques, ce qui m'a semblé intéressant c'est de voir l'exploitation qui est faite de leurs photographies. Ici on voit un négatif dont une image sera extraite pour un tirage original. Cette même image est reprise dans les journaux et placée aux côtés d'autres.



Les fameuses boîtes de la valise

"Cette vitrine contient les trois boîtes qui constituent la valise mexicaine. Une grille apparaît à l’intérieur des couvercles des deux boîtes qui renfermaient les pellicules en rouleaux : les cases de ce tableau sont numérotées de manière consécutive, en commençant par 1 pour la boite verte et par 51 pour la boîte rouge. Chaque case contient également des noms, des lieux ou des sujets, écrits en français, qui correspondent aux sujets des pellicules respectives. Tous les sujets répertoriés dans boîte verte se réfèrent à des images de Chim ; ceux de la boîte rouge, à des photos de Capa et de Tero. Les cases vides contenaient des particules de Capa et de Stein ; quant aux enveloppes, des pellicules coupées. Les informations sur le photographe et le sujet sont tamponnées et notées sur ces enveloppes.


Les boîtes ont sans doute été préparées au printemps 1939 par Capa, Chim et Tchiki Weiss qui gérait leur studio. C’est peut-être pour un projet en particulier que ces images ont été rassemblées, étant donné que la collection ne représente pas la totalité de leur travail, ni même leurs meilleures photographies, mais plutôt une sélection qui couvre beaucoup d'événements importants, de personnalités phares et des sujets en rapport avec la guerre. Anticipant l'entrée de l'armée allemande dans Paris en 1940, Weiss emmène les négatifs dans le sud de la France, pour des raisons de sûreté, ou dans l’idée de les sortir ou pays. Mais dans la confusion qui règne à cette période, les négatifs se retrouvent confiés à quelqu’un et on en perd la trace. Au début des années 1990, ils refont surface à Mexico, dans la collection du général Francisco Aguilar, ambassadeur mexicain à Vichy en 1941-1942. Fin 2007 les héritiers et la famille du général Aguilar retournent les négatifs aux successeurs des photographes."


Les portraits de Graciela Iturbide

Je connaissais l'une ou l'autre photo de Graciela Iturbide sans vraiment pouvoir les rattacher à un nom. Deux éléments ont particulièrement retenu mon attention. D'abord c'est un travail en argentique noir et blanc (vous pensez bien que j'ai regardé ces tirages papier de très près :-) ), ensuite la qualité des portraits de ses premières photographie et leur dimension oniriques me plaisent beaucoup.

"Graciela Iturbide commence sa carrière de photographe à la fin des années 1960, en intégrant ie Centre d'Études cinématographiques de Mexico. C'est là que, guidée par Manuel Alvarez Bravo, le grand maître de la photographie mexicaine, elle trouve dans |’appareil photographique son véritable moyen d'expression créative. Son apprentissage auprès d’Alvarez Bravo est sans aucun doute fondamental et suppose, plus qu’une influence formelle, la transmission d‘un héritage, d’une sensibilité basée sur des valeurs artistiques en lien avec l'art moderne et la culture populaire mexicaine.

Depuis ses premiers clichés, Graciela lturbide fait preuve d’une capacité hors norme à capter des aspects que la représentation photographique a tendance à éluder. Son processus de création commence par une observation participative, pour ensuite se transformer en une incessante exploration personnelle qui intègre la vie et le rêve dans une trame complexe de références historiques, sociales et culturelles.


Pour lturbide, la photographie est avant tout un prétexte a la connaissance. l’intensité de son œuvre vient en grande partie de sa conception de la photographie reposant sur la valeur de l'expérience. Assumant sa propre subjectivité, dépouillant la photographie de sa supposée vérité totalisante, lturbide enregistre et imagine, soulignant certains paradoxes dans lesquels nous sommes plongés.
Dès ses premiers projets, la singularité du regard de Graciela lturbide est patente. Elle nous confronte à des questions qui vont au-delà des frontières d’une aire géographique spécifique : la fragilité et la survivance difficile des systèmes socioculturels qui vivent aux côtés d'autres cultures hégémoniques, la présence du rite dans les pratiques du quotidien, ou la dimension symbolique des paysages et des objets.
Graciela Iturbide - portrait issu de "Seris" 1979

Cette exposition rétrospective, organisée par la FUNDACION MAPFRE et les Rencontres d‘Artes, propose un voyage à travers l’œuvre de Graciela Iturbide, depuis ses premières photographies jusqu’à ses images les plus récentes. sans pour autant s'attacher a un ordre chronologique strict, mais en reliant ses projets les plus représentatifs avec ces thématiques qui définissent le mieux la puissante créativité de son imaginaire."

Marta Daho, commissaire de l'exposition

Graciela Iturbide - L'Homme aux oiseaux - 1985

Notre journée se termine le soir par une projection du film "Martin Parr, Arles 2004" qui présente le photographe alors qu'il est invité par les rencontres d'Arles de la photographie à être commissaire général des expositions de l'édition 2004. Le film est intéressant et surtout Martin Parr a à coeur de faire découvrir de nouveaux horizons photographiques et donne une unité à l'exposition, unité et vision qui manquent peut-être à ce que nous avons vu pour l'instant.

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