mercredi 6 avril 2011

Une charte gris neutre "bricolée maison" ?

Avec les fonctions évoluées de nos appareils photo actuels, déterminer la bonne exposition ne semble plus un problème. On cadre, on presse sur le déclencheur à mi-course -le processeur de l'appareil calcule immédiatement un couple diaphragme / vitesse en fonction de nombreux paramètres-, l'autofocus se met en route et fait la mise au point. Il ne reste plus qu'à déclencher : c'est dans la boîte !

Or, pour progresser dans ma compréhension du fonctionnement de l'appareil il est certainement utile de savoir comment sont déterminées l'ouverture du diaphragme ou la vitesse d'obturation. Depuis que je fais un peu de photo argentique la question du temps d'exposition se pose de nouveau de façon importante : contrairement aux appareils numériques on ne peut pas visualiser l'image après la prise de vue, de plus le film et le tirage papier ont un coût -on ne peut pas mitrailler vingt photos juste "pour voir"-, et surtout la qualité du tirage papier est fortement liée à la qualité du négatif et donc bien sûr au temps d'exposition. Pour l'instant, pour contourner cette difficulté, je faisais volontiers du bracketing, c'est-à-dire une série de trois expositions à IL+1, IL-1 et l'IL déterminé par l'appareil. Même si cette technique a d'indéniables avantages (sur les trois prises il est assez probable qu'il y en aura une de bonne), elle a aussi un désavantage : elle ne me permet pas réellement de comprendre ce qui se passe en profondeur car ce n'est finalement qu'une autre manière de confier les automatismes à l'appareil.

Vous l'aurez compris mon prochain objectif est d'obtenir une photo noir et blanc parfaitement exposée et dont le rendu papier fera apparaître d'agréables nuances de gris. Tant pis si le sujet ou le cadrage ne sont pas très intéressants, tant pis si l'image n'est pas très originale, bref, tant pis si ce n'est pas l'image du siècle, j'aimerais simplement obtenir un tirage papier -presque- parfait. Pour ce faire, la lecture du livre de Philippe Bachelier Noir et Blanc, de la prise de vue au tirage réédité en janvier dernier m'ouvre de nouvelles perspectives. Cet ouvrage est une mine d'or pour celui qui veut progresser en photo argentique noir et blanc, autant dire que j'en ai fait mon livre de chevet.

Comme point de départ à une détermination plus maîtrisée du temps d'exposition il nous faut une charte de gris neutre ou gris 18%. Il ne s'agit de rien d'autre qu'une surface uniformément grise- souvent sous la forme d'une feuille de plastique- qui réfléchit 18% de la lumière.
Pourquoi cela ? Pourquoi un gris à 18% ? Tout simplement parce que les fabricants d’appareils photo calibrent leurs boitiers sur une valeur d’exposition très précise. Basée sur une moyenne, cette valeur est devenue un standard, un gris réfléchissant 18% de lumière. les posemètres intégrés à nos appareils sont tous calibrés sur ce gris et calculent l'exposition en fonction de cette référence. Une charte de gris neutre permet par exemple de nous aider à déterminer un temps d'exposition adapté à la scène photographiée, tout particulièrement quand celle-ci comporte des "pièges", nous verrons plus loin comment.

Première étape donc se procurer cette charte de gris. Petites recherches sur internet et là... déception. Il existe de nombreux modèles de ces chartes mais qui relativement onéreux (de 25 à 50 euros). Convaincu de la nécessité d'avoir ce matériel je rechigne un peu à dépenser cette somme pour une vulgaire petite carte en plastique gris. Je poursuis donc mes recherches et je trouve un site qui propose de télécharger un fichier PDF de gris neutre : http://www.street-photo.fr/fr/materiel/28/43. Lors de mon exploration du web je trouve aussi plusieurs sites qui mentionnent la possibilité de réaliser une charte à partir d'un damier noir et blanc.
"Vous pouvez très bien vous imprimer une charte gris neutre vous-même, avec une simple imprimante, sur un bristol, sans avoir à vous casser la tête pour obtenir un gris a 18 % presque gratuite !
Il suffit d’imprimer une alternance de carrés noirs et blancs d’un demi-centimètre sur un demi-centimètre, ou plus petit c’est encore mieux !
A faire avec n’importe quel traitement d’images pour disposer de quelque chose de fiable !"
Voilà qui finit de me convaincre : je bricolerai une charte "maison" et j'économiserai une bonne trentaine d'euro, c'est dit ! Après quelques dizaines de minutes de travail j'obtiens cette page et... j'en suis presque fier :-)


Le posemètre de l'appareil photo ne verra pas les petites cases blanches et noires, mais bien une plage grise. Mon idée est maintenant de tester ces deux chartes de gris pour voir laquelle est la meilleure, c'est-à-dire celle qui se rapproche au mieux d'un gris à 18%. A vrai dire j'ai même le secret espoir que ma production en damier remporte ce duel. Ayant accès à deux imprimantes, juste par acquis de conscience avant de lancer les tests, j'imprime les deux images sur la deuxième imprimante. Et c'est là.. ça se gâte. Les simulations de gris neutre n'ont pas du tout le même rendu, il fallait s'y attendre.


Un coup de posemètre sur les différentes impressions confirme des différences de rendu d'environ un demi IL. Si on ajoute aux aléas de ces techniques maison les différences de qualité d'impression de qualité de blanc de la feuille de papier on se dit que... on peut 'arrêter là. En effet l'ambition de la charte de gris neutre est de rendre un service fiable en cas d'exposition difficile à déterminer. C'est déjà bien assez difficile comme cela sans y ajouter d'autres paramètres qu'on ne maîtrise pas. Ok, j'ai compris et je me rends à l'évidence : connexion sur le site de Scuadra et achat d'une charte de gris "officielle" :

Voilà, suite au prochain épisode avec une vraie charte gris neutre pour mener les tests :-)

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